Ne nous voilons pas la face ; l’époque n’est plus à l’écriture. Si chacun sait sentir et apprécier les charmes de la belle langue, rares sont ceux qui parviennent à en faire usage. Sans doute les occasions manquent-elles… Les romances épistolaires ne sont plus la norme, l’orthographe est de moins en moins discriminatoire dans l’obtention des diplômes et les temps de lecture paisible se raréfient. Faut-il en conclure que la correction grammaticale ou la richesse du vocabulaire sont des critères vieillots et sans poids ? Au contraire ! En ces temps d’approximation généralisée, le soin apporté au texte est une habile manière de se distinguer.
Après un doctorat, après 10 ans d’enseignement de la philosophie, Stéphen Urani a pris le virage freelance avec un succès quasi immédiat. Il nous confie que les relectures et réécritures de dossiers sont une part non négligeable de son activité. Deux raisons expliquent selon lui le recours à ses services de plume, deux raisons légitimes : le désir d’être pris au sérieux et celui de se démarquer.
Être pris au sérieux
L’ex-enseignant sait qu’une dissertation n’a de valeur que relative. Aucune production ne saurait être évaluée en-dehors du paquet de copies, et les meilleurs résultats s’expliquent autant par les qualités objectives de l’élève que par les défauts des autres. Il faut penser et investir le contraste. « Pas question, lorsque l’on cherche une inscription au RNCP de tenter la folle originalité. La qualité syntaxique ou la précision lexicale sont déjà des raretés… ».
Les leviers pour optimiser un dossier sont assez nombreux : fluidité du propos, clarté des définitions, équilibre de l’ensemble, orthographe, etc. On ignore trop souvent que finaliser un dossier est une tâche minutieuse qui, dans le fond, est un métier à part entière.
Se démarquer
La rigueur dans les attendus officiels n’exclut pas, cependant, la possibilité d’élégances. Sous ses airs de juge impartial, l’instructeur de France Compétences est un être réel. Page après page, il se fatigue. Coquille après coquille, il s’agace. La fraîcheur soudaine du propos le mettra dans d’excellentes dispositions pour remobiliser toute son attention. Stéphen Urani a pour cela plusieurs « petits trucs ». L’une des stratégies consiste à faire varier les rythmes de phrases pour dynamiser le propos. « Habituellement, le lecteur n’en prend pas conscience, mais il le sent et apprécie ! ».
Autre stratégie, l’optimisation des biographies finales. Lorsque l’on fait figurer une partie du type « Qui sommes-nous ? » en fin de dossier, il est bon de passer outre la simple donnée factuelle et faire entendre les logiques de parcours. Le rédacteur freelance a la plume agile et sa large expérience du communiqué de presse lui permet d’y valoriser les trajectoires, de glisser l’élément de langage, de structurer l’ensemble… Est-ce que c’est un détail ? Oui, répond-il, « comme tout le reste… ».
Le sens du détail
Avec 70 % d’échecs lors de l’inscription un titre au RNCP (et 78 % pour ce qui concerne le RS…), on ne saurait trop prêter attention aux détails. Tout compte. Le fond du dossier (note d’opportunité, référentiel, etc.) relève, certes, de la responsabilité de l’organisme de formation. Mais la forme gagne à être confiée à un professionnel qui saura ajuster et valoriser. « Le texte doit être pensé comme un beau meuble », affirme Stéphen, le rédacteur qui se vit en artisan. Au canapé premier prix chez Ikea, il n’oppose pas le mobilier contemporain, sophistiqué et délirant. Il choisirait plutôt un sofa au design sobre, mais avec des finitions raffinées. Et de petites pantoufles pour son lecteur. On notera aussi que sa petite agence, Atmosphères-T, propose un panel de services qui va du contenu éditorial à la rédaction de discours. On notera enfin que Stéphen Urani effectue aussi des conversions de formations en ouvrages : le ghostwriter exploite alors les slides de présentations ou les scripts d’une plateforme d’e-learning pour en faire un livre. Car l’objet n’a rien perdu de son prestige au pays de la littérature.